Version originale manuscrite par Aram Nercessian (arménien) :

Traduction en français de Michel Nercessian en commentaire.

 

20 thoughts on “Conte enfantin (մանկական հեքիաթ) d’Aram Nercessian « Le grand-père, le petit-fils et le roi Sadaël »

  1. Michel Nercessian says:

    Le grand-père, le petit-fils et le roi Sadaël

    conte enfantin

    de Aram Nercessian

    Traduction de l’arménien vers le français par Michel Nercessian

     

    Bien loin d’ici, par delà sept montagnes et sept vallées
    Par delà sept mers
    Il était une fois une plaine qui s’étendait, toute plate.
    Et en son beau milieu, un mont.
    Ce mont était haut, plus haut que toutes les montagnes du monde.
    Son sommet, en été comme en hiver était couvert de neige.
    Sur ses flancs, des lacs aux eaux bleues,
    Avec des poissons dorés et de jolies fleurs tout autour qui sentaient bon.
    Il y avait là des sources merveilleuses, et si un malade venait à boire
    Sept gorgées de leur eau, il était aussitôt guéri.
    Mais quelque part aussi, cachée sous des fourrés d’épines, il en était une…
    Celui qui en buvait restait à tout jamais le même
    Ni ne vieillissait, ni ne changeait en rien.
    Son vêtement aussi demeurait pareillement
    Sans s’abîmer ni s’user le moins du monde.
    Cette source, personne ne savait où elle était
    Si ce n’est le Grand-père et son Petit- fils, un garçon de seize ans.
    Mais laissons-les pour l’instant, nous les retrouverons.

    Il était dans la montagne une grotte profonde, comme un gouffre sans fond
    Et tous les esprits mauvais de la terre, autant qu’ils étaient
    Avaient fait là leur repaire
    Avec à leur tête le roi Sadaël.
    Le roi Sadaël les avait tous formés en bandes
    Pour chaque sorte de vilenie une brigade spéciale menée par un chef.
    Ainsi, par exemple, pour semer l’envie parmi les hommes
    Il avait désigné le Chef-envieux
    Un vieux diable à longue queue et barbe de bouc
    Le Chef-avaricieux, un nabot à la bouche qui s’ouvrait jusqu’aux oreilles
    Un diable à courtes cornes, au ventre et au col épais.
    Lui, c’était le Chef-fallacieux, l’autre – le Chef-menteur,
    [complices inséparables autant qu’amis intimes
    Comme des dandys anglais, courtois, civils et empressés,
    Toujours nets dans leur mise et bien rasés de frais.
    Personne n’eût un instant soupçonné que c’étaient des diables
    S’il n’y avait leurs longues queues qui en disaient assez.
    Regard bigle et menton en pointe, c’était le vieux Chef-trompeur.
    Avec son visage toujours sombre, les cornes pointues et le crâne chauve
    [voici encore le Chef-rancunier
    le pied fin, alerte et sautillant- le Chef-sinistres,
    Et toute nouvelle méchanceté encore inouïe avait déjà son préposé
    Ils formaient tous ensemble le long cortège de leur grand Roi du Mal.

    Ils se tenaient tous la plupart du temps
    Terrés sans sortir de leur sombre tanière
    Et lorsqu’ils la quittaient pour aller au grand jour
    Ils se faisaient tout petits, poussière fine comme de la fumée
    Qui se mêlait à la saleté des choses, et disparaissait au regard.
    [Ainsi tu vois bien qu’il ne faut pas jouer dans des endroits fumeux,
    [sales et poussiéreux
    Mais bien te laver les mains avant de manger,
    Te brosser les dents après,
    Et… garder toujours tes ongles propres]

    De temps en temps on entendait dans l’abîme un murmure,
    [un remue-ménage confus
    Cela voulait dire que le Roi Sadaël était en train de tramer de nouvelles vilenies.
    Il avait convoqué tous ses lieutenants à son Conseil
    Et c’est eux qui faisaient tout ce bruit dans leurs discussions.
    Le gouffre vomissait de la fumée et des flammèches
    Cela voulait dire que Sadaël avait décidé et passait à l’action

    Au pied de la Montagne vivait depuis des siècles un village prospère
    Solidement établi, avec des eaux abondantes, des villageois courageux à l’ouvrage
    Ils étaient riches de blé, d’orge, de fruits de leurs arbres, de coton et de vin.

    Et dans le village, chacun avait sa maison
    Ou même, dirait-on, tout le village n’en formait plutôt qu’une, tant ils étaient unis.
    Le village avait aussi son chef, on l’appelait Notre Maître
    Et ce seigneur n’était autre que le Grand-Père
    Dont j’ai parlé au tout début.
    Le Grand-Père était un solide vieillard fringant et gai
    Coiffé d’un grand bonnet de mouton à pointe
    Et des sabots aux pieds.
    Sa barbe blanche comme la neige des cimes était longue
    Un sourire éclairait toujours son visage et ses bons yeux.
    Si, en le voyant, vous vous demandiez son âge
    Vous lui auriez donné à peine soixante-cinq ans.
    Mais les gens le savaient bien dans le village
    Il avait été leur Chef
    Du vivant de leurs propres grands-pères et des grands-pères de ceux-là ;
    Cinq fois mille ans, voilà ce qu’il avait vécu.

    Or un jour, il y avait de cela cinq mille ans,
    Des méchants avaient envahi le village
    Brûlant et anéantissant tout sur leur passage.
    Le Grand-Père avait par miracle échappé à la mort
    Prenant par la main son Petit-Fils, un garçon de seize ans.
    Il avait fui vers la montagne sous le couvert de la nuit
    Son Petit-Fils avait une flûte de Pan au son clair
    Qu’il avait toujours à la main et dont il ne se séparait jamais.
    C’est ainsi qu’ils furent tous trois sauvés :
    Le Grand-Père, Le Petit-Fils et la flûte au son clair.
    Le Grand-Père s’arrêta
    Sa longue barbe ondulait caressée par le vent
    Du haut de la montagne il regardait le village mis à sac,
    Envahi par les flammes, son pauvre petit village
    Dans le tumulte qui montait de l’abîme
    Il entendait les cris des femmes et des petits.
    Il s’attrista, le Grand-Père, pleura longtemps, longtemps.
    Et en une nuit ses cheveux et sa barbe avaient soudain blanchi.
    Après avoir passé la nuit en cet endroit
    Au matin, ils avaient grand soif et s’en furent chercher une source, de l’eau.
    Les sources étaient toutes à sec.
    Longuement ils cherchèrent, et ne trouvèrent rien, le désespoir les guettait.
    Tout-à-coup, le Petit-Fils vit un étroit passage,
    Un chemin encombré de broussailles et humide…
    Ils s’y engagèrent.
    Etait-ce long ou court,
    je ne saurais le dire, je ne l’ai pas vu
    La seule chose que je sais, c’est qu’ils arrivèrent jusqu’au point
    Où les fourrés hérissés d’épines acérées
    Les empêchèrent d’avancer.

    Le Grand-Père, vous le savez, était de grande taille
    Il vit de l’autre côté du rempart de broussailles une source
    Avec des arbres et de jolies fleurs tout à l’entour.
    Mais il leur était impossible de l’atteindre.
    Ils ne pouvaient approcher des fourrés couverts d’épines acérées.
    Ils n’avaient ni couteau ni lame de fer pour les tailler
    Ils restèrent assis là, et l’espoir s’amenuisait.
    Alors le Petit-Fils se mit à jouer de sa flûte et à chanter
    Triste était sa musique et triste était son chant,
    [autant qu’ils l’étaient tous deux.
    Et tout à coup ils virent que les méchantes broussailles s’étaient dissipées
    Et les épines acérées se transformaient en fleurs.
    Ils étaient bien heureux et franchirent le passage
    Et là, au lieu même où venait sourdre l’eau ils virent une jeune fille,
    Petite, mignonne elle avait le visage souriant.
    Elle portait une couronne d’or et tenait une coupe d’or à la main
    Elle emplit la coupe et la tendit au Grand-Père
    Puis l’emplit à nouveau et la donna au Petit-Fils
    Et d’une troisième coupe elle baigna la flûte.
    Qui s’était toute couverte de poussière en chemin.
    Elle aspergea le Grand-Père, et le Petit-Fils
    Chacun d’une nouvelle coupe.
    Puis , elle s’éloigna
    Le Grand-Père sourit, il était heureux.

    Depuis ce jour, mille ans passèrent, et puis mille autres encore…
    Mais notre Grand-Père et son Petit-Fils, tout comme sa flûte au son clair
    Restèrent tels qu’ils étaient au jour de cette merveille, sans changer :
    Avec son haut bonnet pointu en peau de mouton
    Ses sabots et son sourire, le Grand-Père,
    Et le Petit-Fils son chapeau rouge à liseré d’or
    Sa chemise taillée dans un tissu bleu à fils d’or
    Et son gilet d’une vive couleur d’abricot.
    Et sa flûte qu’il avait à la main, jamais depuis ce jour elle ne prit la poussière.
    Maintenant vous savez qui était le Grand-Père
    Et les gens du village l’avaient en affection.
    Il suffisait de voir son sourire, et celui qui le voyait
    Le sourire lui venait au visage
    Et il devenait meilleur.
    C’est aussi pour cela qu’on l’aimait,
    Et encore, parce que, pour toute redevance
    Auprès de chaque foyer, au moment des moissons
    Il ne prélevait de blé qu’une seule poignée.
    On aimait aussi le Petit-Fils
    Avec sa musique et sa voix, il enchantait les gens
    Et quand ils travaillaient, ils chantaient ses chansons.
    Ainsi vivait le village sans que rien ne trouble sa paix
    Tout au long des années.
    Combien dura cette paix, si elle fut courte ou longue
    Je ne saurais le dire, car je n’y étais pas.
    Ce que je sais, c’est qu’un jour, le village connut une épreuve,
    Une calamité s’abattit sur lui, si grave et soudaine
    Que les gens du village furent pris au dépourvu…
    Mais laissons le village et retournons au mont.

    Le Grand-Chef des forces mauvaises, Sadaël le roi
    Etait tant occupé à tramer ses méchantes actions en de lointaines contrées
    Qu’il en avait complètement oublié, ou n’avait pas remarqué
    [ce village tout proche, tout juste sous son nez.
    Un jour,
    Il était sorti de son sombre repaire pour prendre un peu d’air frais
    Il vit tout à coup un groupe de filles et de garçons insouciants
    Qui chantaient, dansaient, et faisaient des cabrioles
    [tandis que l’un d’eux jouait de la flûte.
    «Ah, ah ! Je vous y prends. » gronda-t-il « Vous allez voir, je m’en vais vous faire passer l’envie des cabrioles ! ».
    Disant ces mots il boucha ses noires oreilles avec ses pattes noires
    Il ne pouvait supporter les chants et la musique !
    Et il rentra dans son antre.
    A peine était-il entré qu’il houspillait ses sbires.
    La montagne trembla.
    « Et vous osez encore vous faire appeler Chefs ?
    Alors vous n’avez rien vu, c’est ça ?Vous étiez donc aveugles,
    Autrement, pourquoi ne m’avez-vous rien dit ?
    Qu’il y avait ici même, sous notre nez, des enfants d’humains, maudits soient-ils,
    Qui n’hésitent pas à chanter et à faire leurs danses ! »
    Les sbires commencèrent à s’injurier les uns les autres et chercher des excuses.
    Le gouffre s’emplit d’un sourd tumulte.
    L’un disait : « -J’étais en Inde et je m’occupais à y répandre la famine. »
    L’autre encore : « – Moi, j’étais en Chine, et j’étais trop pris par mes épidémies.
    – Moi c’était Babylone, Sodome, Gomorrhe..
    – Et qui donc était à Rome pour brûler les captifs, si ce n’était pas moi ? »
    L’un était en Perse, et l’autre en Egypte…
    Alors on pouvait bien penser que ce n’était la faute de personne.
    « Assez ! », hurla le roi Sadaël. La montagne trembla.
    « – Allons, lequel d’entre vous veut être le premier à remettre les choses en ordre ?
    – Moi ! Moi ! », crièrent-ils de tous côtés.
    Le Chef-sinistres se leva de sa place et dit :
    « – Majesté Toute-Clémente, Très-Sereine Assemblée,
    Laissez-moi vous dire la pensée de mon bien faible esprit :
    Accordez-moi la grâce de porter le premier coup.
    Vous le savez tous : je ne suis jamais à court d’idées effroyables.
    Après, seulement, si je venais à échouer
    A ma suite, tour à tour, en bon ordre,
    Que chacun des collègues exerce ses talents. »
    La Majesté toute-clémente, et l’assemblée très-sereine
    Réfléchirent quelque peu, puis trouvèrent que l’esprit
    [de leur modeste camarade n’avait pas l’air si faible après tout.
    L’idée leur plut beaucoup et ils se mirent à applaudir.
    Devant le roi, puis devant toute l’assemblée
    Le Chef-sinistres s’inclina, puis dit :
    « Grann Merrsi »
    Et dressant la queue, s’envola hors du repaire.
    Derrière lui jaillirent de la fumée et du feu.
    La montagne tressaillit et la terre trembla .
    Ici et là, il apparut des fissures
    Et le village du Grand-Père, au pied même du Mont, fut détruit.
    Il y eut beaucoup de morts sous les décombres
    Les survivants étaient dans le deuil
    Et ils désespéraient.
    Le Grand-Père était le seul qui ne se décourageait pas.
    Il les appela tous et leur sourit , disant :
    « Ne perdez pas espoir, nous construirons un autre village
    Encore plus solide et plus beau . »
    Il appela son Petit-Fils
    Allons, assieds-toi là-bas, lui dit- il en lui montrant un tertre à un bout du village.
    Tu vas chanter et nous jouer de la flûte. »
    Et lui,
    Prenant l’un d’eux par le bras et un autre par la main
    Se mit à travailler avec les villageois, à leurs côtés.
    Il leur montra de nouvelles formes, de nouvelles méthodes
    Et en quelques mouvements bien faits
    Ici l’on dressait un mur, là on plantait un arbre .
    Ils étaient captivés par ses gestes nouveaux.
    Avec les chants du garçon et les airs de la flûte à l’oreille
    Ils travaillaient avec courage et ne se lassaient pas.
    Et voici qu’au bout de quelques jours, ils avaient achevé leur nouveau village
    Avec de jolies maisons et de grands jardins.
    Il se mit à vivre de sa vie nouvelle
    Et les garçons et les filles se mirent à nouveau
    A chanter et danser au flanc de la montagne.
    Sadaël le roi, lorsqu’il s’en aperçut
    En fut fort irrité. La montagne trembla.
    Il fit venir le Chef-sinistres, l’abreuva d’injures et de railleries avant de le renvoyer
    Et de nouveau il convoqua l’assemblée :
    « – Alors, qu’allons-nous faire ?
    – C’est moi qui m’en chargerai. », dit le vieux Chef-rancunier, ne tenant pas en
    [place,
    « Donne-m’en seulement l’ordre.
    – Fais-donc comme bon te semble, pourvu que tu le détruises, ce maudit village. »
    Le vieux Chef-rancunier avec son corps difforme
    s’inclina d’abord devant le roi, puis devant toute l’assemblée
    « Grann Merrsi », dit-il, puis ramena sa queue et sortit de l’antre. Il jubilait.
    A peine en était-il sorti
    Que la foudre, le tonnerre et le déluge s’assemblèrent en mêlée,
    Couronnant la montagne, il se cachaient derrière.
    Ils faisaient partie de la troupe du Chef –rancunier
    Et n’attendaient que son signal
    Pour fondre sur le village,
    Pillant, dévastant tout, pourfendant sans pitié toute résistance…
    Tout ce que le village avait de blé, tout fut emporté
    Même celui des semailles prochaines…
    Ce qu’ils voulaient, c’était faire périr par la faim ce village trop prospère.
    Les pauvres gens étaient dévorés par la peur.
    Qu’allaient-ils pouvoir faire ?
    Le Grand-Père était le seul à ne pas s’inquiéter
    Il les fit tous venir et leur parla ainsi, avec son bon sourire :
    « – Allons, ne perdons pas courage. Que chacun d’entre vous se munisse d’un sac
    [et me suive. »
    Et chacun d’eux alla prendre un sac pour partir à sa suite.
    Et leur route fut longue. A croire qu’elle n’avait pas de fin.
    Le Grand-Père les entendait se plaindre, mais souriait toujours.
    Enfin il s’arrêta en un lieu au-devant d’une pierre
    Du pied, il la poussa, et elle s’écarta
    Découvrant derrière elle un passage.
    Il entra le premier, puis les autres suivirent
    Comme Il faisait noir dans cet étroit boyau, finirait-il jamais ?
    Ils arrivèrent soudain en une salle vaste et claire,
    On eût dit que le soleil l’illuminait.
    Ils y virent un grand tas, un monceau qui brillait comme de l’or
    Au sommet de ce tas, une menue jeune fille était assise
    Son visage rayonnait, répandait la lumière
    Elle échangea avec le Grand-Père un regard et un sourire comme de vieilles connaissances.
    C’était la même, celle qui avait un jour étanché sa soif
    De l’eau de la source dans sa coupe d’or.
    « – Venez, approchez », dit-elle.
    Ils vinrent près du tas mystérieux et restèrent ébahis.
    C’était du blé pur – jaune comme de l’or.
    « – Ce blé que vous voyez, dit le Grand-Père,
    C’est celui que vous m’avez donné vous-mêmes poignée par poignée,
    Prenez-le, il est à vous. »
    Chacun des villageois s’en retourna avec son sac plein,
    Sema le blé sur les terres en plaine que le déluge avait rendues fertiles.
    La récolte fut bonne, et ils s’enrichirent.
    La jeunesse insouciante du village, garçons et filles,
    Se remit à chanter et danser au flanc de la montagne.
    Voyant cela, le roi Sadaël se mit dans une colère effrayante.
    La montagne trembla.
    Il fit venir le Chef-rancunier, l’abreuva d’injures et se moqua de lui méchamment
    [puis le releva de sa charge.
    Il convoqua l’Assemblée une fois de plus : « – Alors, qu’allons nous faire ?
    – Majesté !
    – Majesté !…
    Ils voulaient tous parler en même temps et se coupaient la parole l’un à l’autre.
    Parmi eux le Chef-envieux, que nous connaissons bien, à barbe de bouc et
    [longue queue.
    Le Chef-avaricieux, autre vieille connaissance, gros diable avec une bouche
    [jusqu’aux oreilles
    Deux autres encore, le Chef-fallacieux et le Chef-trompeur,
    Regard bigle et lèves fines, avec leurs longues queues.
    « Que l’un d’entre vous parle et que les autres se taisent, ordonna le roi.
    Le Chef – fallacieux au regard bigle se leva de sa place.
    « – Majesté Toute-Clémente,
    Laissez-moi vous dire la pensée de mon bien faible esprit
    Ce village s’obstine et il nous sera très difficile de le détruire de l’extérieur,
    Aussi, à dire le vrai, c’est du dedans qu’il nous faut l’attaquer. »
    Il dit et se tut avec le sourire énigmatique d’un fin politicien.
    « – C’est justement ce que j’allais dire ! », hurla un autre.
    Le roi réfléchit, puis déclara :
    « -Sous les ordres du Chef-envieux
    Chacun d’entre vous, selon son métier et sa vocation,
    Vous irez tous ensemble vous mettre à l’ouvrage
    Ce village, une fois pour toutes, il faut l’anéantir.
    Tous les quatre ensemble, se piétinant et se donnant des bourrades
    S’envolèrent hors du repaire en oubliant même de dire : «Grann Merrsi »
    A ce moment, la montagne trembla, vomit du feu et de la fumée.
    Les artisans du mal, accompagnés chacun de quelques acolytes
    Dès qu’ils furent tout petits, fins comme poussière disparaissant au regard,
    Descendirent s’introduire dans le village.
    C’était un dimanche.
    Selon la coutume bien établie, c’était un jour de fête.
    Tous les villageois s’étaient réunis pour s’amuser, chanter et danser.
    « Exactement ce qu’il nous faut ! » se dirent les sbires, échangeant des clins d’œil.
    Toute la troupe fit mouvement pour se mêler à la foule, et, au signal convenu…
    Les uns se coulèrent dans les flasques, comme du bon vin
    D’autres se glissèrent dans les marmites comme du riz savoureux,
    D’autres encore se faufilèrent tout droit dans le ventre des femmes, ou des hommes.
    Et au beau milieu de la fête, il s’éleva un tumulte dans les rangs des femmes :
    L’une d’elles glapissait : « – Eh bien ma fille, elle est plus mignonne que la tienne,
    [et en tout cas moins grosse ! »
    «- Tu peux parler, la tienne est vilaine comme tout, et déjà vieille fille. »
    « – Et toi, qu’est-ce que tu es ? une vraie chatte sauvage ! »
    Et du côté des hommes aussi, le ton tournait au vinaigre :
    « -Ah ! Il est grand, ton champ, c’est la tête qui est en friche ! »
    « – Et toi, tu peux te regarder, il n’y a pas plus bête ! »
    La bagarre s’amplifiait avec coups et injures.
    La fête tourna court, et l’on se dispersa. Chacun avait au cœur un lourd
    [ ressentiment.

    De ce jour, rien ne fut plus comme avant au village.
    Les gens commencèrent à se jalouser, à user de tromperie.
    Voir le bien des autres d’un mauvais œil, ou même le voler.
    Ou encore, l’un d’eux voyait le cheval de l’autre et le tuait,
    [ou lui empoisonnait une bonne vache laitière.
    Un autre, on lui arrachait ses vignes, on lui brûlait ses meules…
    En un mot, le village était devenu un enfer
    Et petit à petit on le voyait décliner, s’appauvrir, bientôt il s’étiolerait.
    Le roi Sadaël était au comble de la joie.

    Le Grand-Père était triste, très triste. Tout juste s’il ne pleurait.
    Mais, même si cette fois l’heure était très grave, il ne désespéra pas.
    Il appela son Petit-Fils, et lui montra le tertre au bout du village :
    « – Va donc là-bas t’asseoir. Tu chanteras et nous joueras de la flûte. »
    Lui-même s’en fut par le village, de maison en maison.
    Il entrait, parlait au villageois, lui prenant les deux mains.
    Ses bons yeux dans les siens, avec son sourire :
    « – Allons, n’était-ce pas toi-même, l’hiver dernier
    Qui coupais du bois pour Khecho malade, qui ne pouvait se lever ?
    Et n’est-ce pas lui qui t’a aidé à labourer ton champ ?
    Qu’est ce qui vous arrive?… »

    Il se rendait compte que tous ces maux
    Venaient de mauvais esprits qui s’étaient installés dans les cœurs.
    Il était sûr que le village pourrait reprendre sa vie heureuse
    S’il parvenait à les chasser, car ces cœurs, les villageois les tenaient
    [de leurs bons ancêtres.
    L’homme avait à l’oreille le son du chant et de la flûte du Petit-Fils
    Et de l’autre côté les sages paroles, et la voix douce du Grand-Père ;
    Et il se sentait revivre, ses forces lui revenaient.
    [Petit à petit, ce furent tous les villageois
    Et la vie d’autrefois bientôt reprit le dessus.
    Et garçons et filles à nouveau
    S’en furent chanter et danser sur les flancs de la montagne.

    Le roi Sadaël fut sidéré de les voir ici et là se rassembler.
    Grande fut sa colère et la montagne trembla.
    C’est alors justement qu’il vit s’approcher
    Ses méchants sbires qui avaient été chassés du village.
    « – Majesté Toute-Clémente, dirent-ils
    Longue vie à Toi !
    Nous venons de comprendre que nos seuls ennemis
    Ne sont que le Grand-Père et son chanteur de Petit-Fils.
    Tant qu’ils ne seront pas tous les deux loin du village
    Nous ne pourrons jamais parvenir à nos fins. »
    Le roi se mit dans une effrayante colère. Peu s’en fallut qu’il n’éclatât.
    [Sa voix était terrible.
    La montagne trembla. Du feu et de la fumée en jaillirent. La terre fut secouée.
    Le roi dit :
    « – Qu’à l’instant ici même se rassemblent tous
    nos combattants disséminés par le monde, armés de pied en cap. »
    Ils se rassemblèrent aussitôt.
    « – Cette fois-ci, c’est moi qui vous conduirai, dit le grand roi,
    Et si nous ne réussissons pas à nous emparer de ce maudit Grand-Père avec son Petit-Fils, vous serez tous sévèrement punis.
    A vous d’agir comme bon vous semble, pourvu que mon ordre soit exécuté ! »

    Par milliers tous les maux de la terre
    Une nuit s’abattirent sur le village soudainement.
    C’était une mêlée de feu et de sang.
    Ils saisirent le Grand-Père et son Petit-Fils
    Les ligotèrent pour les jeter au fond d’un puits
    Sans pain ni eau, pour les faire mourir de faim.
    Et pendant sept jours et sept nuits
    Fascinés par les flammes, enivrés par les cris des victimes qu’ils brûlaient
    Pendant sept jours, ils furent à leur bonheur.
    Le huitième jour, ils s’approchèrent du puits
    Pour en tirer, croyaient-ils, les cadavres du Grand-Père et du Petit-Fils
    Et les enterrer.
    Ils entendirent soudain le son de la flûte monter du fond du puits,
    Exactement comme ils l’avaient entendu au flanc de la montagne.
    Le roi se mit en fureur :
    «Sortez-moi de là ces maudits humains, sur-le-champ ! »
    On les fit sortir du puits.
    Le roi Sadaël tira son sabre.
    Il attaqua, frappant le Grand-Père à la poitrine
    Et le Petit-Fils à la tête…
    Mais le sabre glissait sur l’un et sur l’autre sans les blesser
    Ni même les atteindre.
    Ce grand roi, tout puissant qu’il était, fut pris de peur
    Mais il était en rage de voir sa méchanceté sans effet.
    Et il voulut faire une tentative encore :
    « – Que l’on amasse maintenant même, un grand bûcher
    Sept fois plus grand que la taille de ce Grand-Père
    Attachez-les avec des cordes épaisses.
    Ils firent un bûcher de grosses poutres et de bûches de bois sec.
    Sept fois plus grand que la taille du Grand-Père
    Attachèrent à nouveau le Grand-Père et son Petit-Fils par les mains et par les pieds
    Les placèrent sur le bûcher et attendirent que le roi donne son ordre.
    Sa Majesté Toute-Clémente de sa propre main alluma le bûcher
    Sa lèvre se tordait en un sourire de joie mauvaise
    Il se déplaça sur le côté
    Il voulait voir, contempler, jouir du spectacle de leurs corps convulsés de souffrance.
    Mais – Oh, horreur !
    Le bûcher était tout en flammes, – mais le sourire du Grand-Père n’avait pas changé.
    L’une après l’autre brûlaient les poutres et les bûches,
    Elles brûlèrent aussi, les grosses cordes
    Mais le Grand-Père, pas un poil de sa barbe n’avait été atteint.
    Le bûcher n’était plus qu’un monceau de cendres
    Quand le Grand-Père et le Petit-Fils, s’aidant l’un l’autre, en sortirent.
    Ils secouèrent la poussière et la cendre épaisse dont ils étaient couverts
    Et se retrouvèrent, comme si de rien n’était, comme ils étaient avant.
    Ils étaient souriants, avec un peu de moquerie
    Dans le regard qu’ils portèrent vers le grand Roi.
    Ce roi puissant, commandeur de toutes les forces mauvaises de la terre
    Voyant cela, se retrouva sans voix.
    Il fit un signe, et toute son armée avec lui prit la fuite
    Abandonnant notre village et leur ancien repaire au creux de la Montagne.
    De ce jour, le village du Grand-Père retrouva peu à peu son aspect net et soigné
    Et jusqu’à nos jours vécut paisiblement, mais surtout, affranchi de toute crainte.
    Car maintenant, le village sait que quoi qu’il advienne
    Tant que le Grand-Père est vaillant et il est en son sein, avec son Petit-Fils
    Il pourra vivre.
    Les filles du village et ses joyeux garçons
    Dansent de nouveau et chantent sur le flanc de la montagne
    Et le Grand-Père, solide gaillard tout fringant
    Avec son chapeau de peau de mouton et ses sabots
    Caresse sa longue barbe, blanche comme la neige
    Les regarde en souriant, et se réjouit,
    Tandis que son Petit-Fils,
    Son chapeau rouge à liseré d’or sur le côté de la tête
    Avec sa chemise bleue à fils d’or
    Et son joli gilet à la couleur d’abricot,
    Il chante, il danse avec eux
    Et avec sa flûte, il les charme .

    Le Grand-Père et son Petit-Fils avec sa flûte au son clair
    Sont encore au village
    Ils sont en bonne santé et vous saluent tous bien.

    Mon conte s’achève
    Quatre pommes tombent du ciel
    Une pour le conteur, une pour qui l’écoute, une pour le Grand-Père , et la dernière pour le Petit-Fils.

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